samedi 15 septembre 2018 à 15h

Stoppons leur ELAN !

Nous appelons toutes les associations, toutes les organisations, toutes les personnes excédées par ce pouvoir qui n'a de cesse de malmener les plus démunis à nous rejoindre samedi 15 septembre devant la préfecture à 15 heures pour un rassemblement suivi d'une déambulation dans les rues d'Angers.
LOGEONS LES GENS DIGNEMENT, STOPPONS LEUR ÉLAN !
(Manifestation initiée par le collectif Stop loi Élan, DAL, PSN49,
en convergence avec le groupe, Le Cercle 49 et le CSSP49)

« Avec ÉLAN, personne n'est à l'abri » ( tribune publiée sur la pétition Non aux expulsions sans relogement ! )

Septembre 2018, Madame … que nous appellerons Nyamou (prénom d'emprunt) …Nyamou a accouché seule.
Elle dormait dehors, victime d'un hôpital (CHU d'Angers) qui, faute de politique de restriction budgétaire et de manque d'effectifs, l'a sortie sans prendre égard à sa situation sociale. Nyamou dort à la rue parce que quand ce n'est pas l'hôpital, c'est le Conseil départemental du Maine & Loire qui, encore une fois, se méprend de sa mission de protection d'enfants de moins de trois ans. Ce dernier n'a d'ailleurs jamais voulu prendre en compte l'intérêt supérieur de l'enfant en essayant d'assigner des moyens d'évolution digne pour une jeune femme démunie.

Alertée, chaque institution se renvoyant la balle, la DDCS (direction départementale de la cohésion sociale) prend le relais en ouvrant quelques nuitées d'hôtel. Mais un jour, l'hôtelier, près de la gare, «éjectera» Nyamou et son bébé d'une semaine sans lui donner l'occasion de se reposer dans la salle d'attente. L'arrêt des financements sonne alors le glas d'un abri pour le bébé de Nyamou.
La DDCS en avait t'elle marre ? Ce serait à l'OFII (office français de l'immigration et de l'intégration) d'assurer l'hébergement. Oui mais l'OFII ne présente à chaque fois que peu de solutions pour des centaines de personnes. Cette roue qui traîne depuis des années fuit la responsabilité de revoir la politique d'accueil.

Le CHU, le Conseil départemental, l'OFII, l'État (responsable du logement et de l'hébergement), tous connaissent les situations de nombreuses Nyamou. Pourtant, à un instant soudain, et de manière brutale, toute mission s'arrête dans la violence la plus sombre. Alors, Nyamou sera seule et débarquée à la rue sans aucun moyen d'aide ou d'indication. Certains hôtels, eux, prompts à accueillir les financements de différentes institutions pour héberger, sont moins enclins à accueillir lorsque les paiements s'arrêtent.
Le 115, qui officie comme plateforme pour des personnes sans abris, peine à assumer sa mission dévolue à un nombre restreint de prise en charge d'hébergement d'urgence, un hébergement discret « au chemin de traverse », un endroit grillagé, enfermé, loin des accès pratiques de transport en commun. Oui, la misère se cache à Angers !
La misère à la halte de nuit n'est visible que le matin où dès 6 heures, oui, dès 6 heures, les gens sont réveillés dans le bungalow, où quand le soir une file d'attente divise ceux et celles qui seront ou non du bon numéro.
L'appel au 115 commence dès 18 heures. L'attente d'une voix au bout du fil dure parfois 1 heure et demie. L'obtention d'une réponse positive ou négative peut avoir lieu qu'à 20 heures ou 21 heures. Mais gare au retardataire d'1 seule minute, la place se perd vite. Les revendications de collectifs militants permettent cette semaine que l'appel puisse se faire dès le matin, parfois en vain.
Mais Nyamou attend et n'a toujours pas de place.
Dans la nuit du 28 au 29 août 2018, alors que la pluie s'abat et que l'orage gronde, Nyamou survit avec son bébé âgé de deux semaines seulement. Cette jeune mère courage n'a d'autres choix que d'attendre et de serrer son bébé contre elle près de la gare d'Angers en attendant que le jour se lève.

Ce sont deux jeunes de quartiers populaires (Roseraie et Savary) qui vont lui tendre une bouée, l'aider et l'emmener vers des militant-e-s activistes. La stigmatisation souvent de mise contre des groupes de jeunes oublie qu'ils sont parfois des héros.
Les militant-e-s et une association de quartier s'occupera alors de Nyamou. Elle a enfin un peu de chaleur et un appui pour l'évolution de sa situation. Une interpellation auprès des pouvoirs publics va au moins dénoncer sa situation an nom d'autres situations similaires.
Mais pour « prouver sa motivation », Nyamou devra appeler le 115 tous les jours, même si elle n'y arrive pas. Oui, certaines institutions ont un cadre surprenant de stratégies d'enregistrement et de suivi. Ce n'est pas sans rappeler le refus d'une aide alimentaire d'urgence du conseil départemental de Maine & Loire pour une famille de 10 personnes au motif qu'elle n'aurait pas « prouver sa motivation », alors que les raisons invoquées (d'ordre confidentiel) ne correspondaient pas à la réalité.
Le samedi 8 septembre, Nyamou a enfin une place. Mais les spectacles de rue des « Accroche-cœurs » vont retarder son bus. La grille du 115 lui restera fermée au nez. Un bénévole la ramènera au quartier de la Roseraie, là où des militant-e-s pourront l'accueillir dans une auto-réquisition, Chez Paûle, où elle n'aura pas à se réveiller à 6h, ou à 8h si elle était hébergée chez un particulier. L'accueil de jour qu'est ce squat facilite aussi le repos autant qu'une prise de repère.
Mais Nyamou espère et s'accroche. Ses nouveaux et nouvelles ami-e-s l'aident pour un appui administratif et social, sinon comment comprendre un système auquel on n'est pas habitué.

Pourtant, un profil sombre survient, un profil d'un changement politique et sociétal qui profitera aux spéculateurs, qui sacralisera un droit de propriété des plus riches en piétinant le droit à la dignité pour les plus pauvres. Ce profil se construit à partir de différentes réformes et différentes lois, notamment avec le projet de la nouvelle loi Élan (évolution du logement, de l'aménagement, et du numérique).
Lorsque la loi sera adoptée après le 18 septembre, cette loi, qui prétend protéger les plus fragiles, condamnera Nyamou qui n'a pas eu d'autres choix que de s'abriter dans un squat, un bâtiment vide, jusqu'à 1 an de prison et 15000 € d'amende. La loi Élan présente en plus d'autres aspects gravissimes par son atteinte aux droits constitutionnels. Une loi qui précarisera davantage, qui empêchera la généralisation de logements adaptés pour les personnes handicapées, qui punira collectivement des familles suite aux impayés de loyers par des expulsions sans jugement, qui modifiera les dispositions du logement social.

Alors à l'aube de la commission mixte paritaire au 18 septembre, avant l'adoption par l'assemblée nationale du texte modifié de la loi, dernier jour avant l'expulsion de « Chez Paûle », nous demandons au plus grand nombre de gens, d'indigné-e-s, de personnes concerné-e-s ou de personnes solidaires, de ceux et celles qui s'insurgent contre l'inhumanité de notre société, de se rassembler devant la Préfecture d'Angers, place Michel Debré, samedi 15 septembre 2018 à 15h.
Nous ne pouvons que nous indigner contre ce projet de loi inique qui insulte les mémoires de Christine Brisset (une des premières militantes et activistes angevines d'auto-réquisition pour les personnes sans logis), Pierre Jean Bourdon, l'Abbé Pierre, et beaucoup d'autres, de tous ceux et celles qui ont sacrifié leur vie pour les autres et pour qui la dignité n'était pas un mot vain.
Soyons nombreux/euses, samedi 15 à 15h devant la Préfecture, représentante de l'État, responsable du logement et de l'hébergement, pour dire non au projet de loi Élan, car avec l'application de la loi Élan, demain, la solidarité actuelle sera submergée, et personne n'y est à l'abri !!
Samedi 15 septembre 2018, à 15h, devant la Préfecture d'Angers.
(Manifestation initiée par le collectif Stop loi Élan, DAL, PSN49, en convergence avec le groupe, Le Cercle 49 et le CSSP49)

Chants à reprendre pendant la manif.

Source : https://lecercle49.wordpress.com/
Source : message reçu le 12 septembre 16h